12‏/11‏/2008

Younes Megri [Artiste] - Ses astuces pour une longévité professionnelle



[Abdoulaye Cissoko et Khalid Limamy - décembre 2007]

Di-ram-dam, Lili Touil… On le connaît pour être l’un des artistes qui ont marqué la chanson marocaine des sixties. Younes Megri, idole incontestée des foules, prouve aujourd’hui que la renommée, la réussite et la carrière professionnelle peuvent durer dans le temps, pour peu qu’on ait la bonne recette, les bonnes décisions et le courage de virer de cap quand il le faut…
Tout le monde connaît Younes l’interprète-compositeur, l’acteur, mais rares sont ceux qui vous connaissent dans votre milieu de travail. Parlez-nous un peu de votre relation avec vos collaborateurs…Personnellement, j’ai toujours eu des relations assez amicales avec tout le monde et surtout avec les personnes avec qui je collabore. Je pars du principe que la personne ne fait pas le travail toute seule et qu’il existe toujours une équipe autour. On ne peut réussir une chanson, un film, ou n’importe quel travail, sans un réel esprit d’équipe et une collaboration basée sur l’honnêteté.Vous êtes passé par trois phases cruciales dans votre vie professionnelle : le succès, le black-out et puis un retour sur scène. Qu’est-ce qui s’est passé en fait?Je suis revenu de France au début des années 80. J’avais terminé mes études de musique et je ne voyais rien de spécial à faire au Maroc. Les grosses boîtes de production comme Philips ou Polydor ne voulaient plus produire de chanteurs arabes parce que la piraterie commençait déjà à battre son plein à cette époque. Je me suis donc enfermé chez moi pendant un moment et j’ai commencé à composer ma musique, jusqu’au jour où on m’a proposé de faire une musique de film. Je venais de découvrir un autre moyen pour m’exprimer professionnellement. Mais, j’avais décidé de ne pas le faire pour le cinéma marocain, parce qu’à cette époque il n’apportait rien en termes d’expérience.J’avais même contacté des maisons de production nationales qui faisaient des castings pour des films étrangers en leur disant de ne pas me proposer comme chanteur.Quels sont les évènements qui ont jalonné votre carrière ?La première sortie de la chanson «Lili touil» et deux ou trois films ont réellement marqué un tournant dans ma vie et ma carrière professionnelle. C’est à partir de pareils instants qu’il devient difficile de faire des choix qui vous guident sur le chemin de la longévité professionnelle.Pouvez-vous revenir en deux mots sur l’affaire «Lili touil» avec les Boney M ?Le célèbre groupe Boney M avait plagié cette chanson en pensant que c’était du folklore, ils ne savaient même pas si elle était tunisienne, algérienne ou marocaine. Malheureusement pour eux, j’avais signé un contrat avec une maison d’éditions à Paris qui avait pris la défense de mes intérêts.Vos chansons ont tout de même résisté à la piraterie. Y’a-t-il réellement des droits d’auteurs au Maroc ?Non. Je l’ai d’ailleurs toujours dit, les droits d’auteurs ne servent qu’un cercle limité de personnes. Nous sommes des bénévoles, des mécènes et c’est tant mieux pour eux! J’ai eu un disque d’or au Maroc. Si vous faisiez le compte de tout ce que j’ai pu gagner… Ce serait ridicule de donner le chiffre.Réussir dans la durée ne suppose-t-il pas un plan de carrière déjà tout tracé?Pas nécessairement. Je suis né dans une famille d’artistes où rien n’était programmé. Par contre, les choix ne se font pas toujours de manière délibérée. D’ailleurs, quelques années après mes débuts, je me suis obligé à prendre ma carrière en main. Il y avait pourtant trop de choses auxquelles j’aspirais mais vu le temps et l’âge… Il était aussi très difficile de prendre des décisions fixes à un âge jeune: ce n’est que grâce à l’expérience de mes proches que j’ai pu comprendre certaines choses. Devrait-on résister aux nouvelles tendances, aux changements pour pouvoir durer professionnellement?C’est sûr qu’il faudrait faire de la résistance. C’est comme en politique: on ne peut pas changer de cours à chaque fois. Je crois que c’est une question de conviction aussi, il faut faire de la résistance, lorsqu’on se respecte et qu’on respecte ce que l’on fait. Et ces nouvelles tendances ne représentent-elles pas une réelle concurrence pour vous?Pas du tout! La seule tendance réelle est celle des jeunes musiciens qui se reproduisent un peu partout ces jours-ci. Il est d’ailleurs tout à fait légitime que les jeunes puissent se référer à de nouvelles tendances : on ne peut pas rester indéfiniment sur les frères Megri ou sur Nass El Ghiwan. Cette nouvelle tendance est la bienvenue. D’ailleurs, je suis intimement convaincu qu’on revient de plus en plus à la chanson marocaine grâce à ces jeunes.Comment définissez-vous la réussite?Tout dépend de l’objectif: réussir n’est pas forcément accéder à la notoriété. Il y a aussi ceux qui réussissent en amassant de l’argent et d’autres qui veulent simplement s’accomplir. Néanmoins, je pense que la réussite «extérieure» n’est pas aussi importante que le respect de soi.A quel moment vous êtes-vous senti obligé de vous adapter?En rentrant au pays après mon long séjour en France. J’avais des objectifs mais je n’avais plus les mêmes moyens, c’est-à-dire les sociétés qui me soutenaient pour produire des chansons à l’étranger. Faire un travail mauvais ne m’intéressait pas. Il est vrai que nous avions, mes frères et moi, un studio mais on ne faisait que gratter et faire des maquettes. C’est ce qui m’a fait prendre conscience de la nécessité d’entreprendre un nouveau départ.Doit-on prendre des risques au travail?Le risque dans le travail n’est jamais un risque. Il n’y a point de challenge aussi important que le travail lui-même. D’ailleurs, le travail paie toujours.Doit-on être différent pour pouvoir réussir dans la durée?Pas nécessairement, du moment que cette différence n’est pas préméditée.Êtes-vous satisfait de ce que vous êtes aujourd’hui?J’ai envie de faire correctement mon métier et jusqu’à présent je n’ai pas réussi. Je ne changerais jamais de voie et si j’avais une deuxième vie à revivre, je la revivrai de la même manière.Selon vous, quelles seraient les clés de réussite pour réussir sur la durée?Réellement, je n’ai pas de recette miracle. Est-ce que j’ai réellement réussi? C’est peut-être une question qu’il faudrait poser après le jour de mon grand départ. Tout ce que je peux dire c’est qu’on ne peut réussir sur la durée sans aimer réellement ce que l’on entreprend, sans jamais oublier qu’il faut surtout avoir du respect pour nos propres réalisations, aussi infimes soient-elles. []

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Je suis...

Je suis oumaima bouallaga j'ai12ans j'aime bcp les freres megri et meci pour toutes

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